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L’écoute active selon Carl Rogers


« Ne pas croire qu’on est au centre, ne pas croire qu’on n'y est pas »

Laurence de Sève, 58’25, Requiem pour impostures.

Carl Rogers (1902-1987) fut un psychologue humaniste dont le terrain privilégié a été l’université de Chicago.

Les étudiants le consultant étaient le plus souvent en échec et perdus dans leur orientation.

La plupart d’entre eux obéissait à un ordre familial soit de reproduction de l’ordre social (« j’ai été médecin, tu seras médecin »), soit de réparation de vocation entravée (« je n’ai pas pu être avocat, tu seras avocat »).

À leur écoute, Carl Rogers établit des principes fondamentaux de l’écoute active :

  • Etre centré sur l’autre de manière authentique (il est une personne, je suis une personne, nous avons un lien),

  • De manière inconditionnelle positive (suspension du jugement la personne est acceptée comme elle est),

  • Etre empathique : être capable de se mettre à la place de l’autre, lui montrer sans pour autant être en sympathie (littéralement souffrir avec l’autre, ce qui ne peut en rien aider l’autre à « sortir » de son enfermement),

  • Ne jamais devancer l’autre par son interprétation : concrètement : reformuler ce qui a été dit et laisser la part belle au silence (« si j’ai bien compris…. »),

  • Poser des questions ouvertes (qui quoi pourquoi comment combien quand) de grande qualité qui n’intègrent pas de réponse dans la formulation de la question.

Carl Rogers a inspiré les psychothérapeutes, les enquêtes par entretiens non directifs des sociologues, la pédagogie ouverte, mais aussi les commerciaux dans la phase de définition des besoins, les managers, les chefs de projets, toutes personnes qui professionnellement ou à titre privé se rapprochent de l’autre, en recueillant sa parole, en rebondissant, en construisant en fonction d’un objectif, de soin, de vente, de conviction, de co-construction, de délégation, de responsabilisation.

Dans un dialogue de réciprocité, chacun a la responsabilité d’être dans une écoute active.

Dans le cas du thérapeute, du vendeur, du manager une nette asymétrie existe : l’un parle, l’autre utilise une méthode d’écoute active (ce qui pour autant ne signifie pas qu’il est insincère) pour le faire parler.

Dans un dialogue, une égalité se construit par la réciprocité de l’écoute, par la curiosité, par les questions ouvertes, la recherche d’approfondissement, de palier de compréhension grâce à la reformulation. Chacun est centré sur l’autre.

Cela semble peu. Cela change tout. Un petit manque et le dialogue devient vite un monologue.

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