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Diverger dans un dialogue


Le mot dialogue est parfois connoté uniquement par la recherche de compromis, l’entente ou l’avancée commune. Pourtant, dialoguer est un savant parcours traversant des périodes de divergences et de convergences.

Par divergence j’entends : partir sur une autre piste, qui n’est pas automatiquement une contradiction mais peut bien entendu (pour les Français construisant leur liberté par manifestation d’opposition) être une contradiction, ou un contrepoint (qui est en harmonie avec la proposition de départ et la révèle sous un autre angle, comme en musique), ou un saut par ricochet (si l’on accepte de se prêter aux jeux des associations d’idées) ou encore une révélation par un jeu de sonorité/sens lacanien dans le mot.

Par convergence j’entends : rechercher les arguments de ressemblances, les niveaux logiques communs, le vocabulaire partagé qui peut même devenir une nécessaire orthodoxie de langage constitutive d’une communauté.

L’étape de divergence, si elle est escamotée, crée des troubles dans la convergence. Cette dernière ne va alors pas tenir dans le temps. Elle va s’abîmer.

Ne pas avoir peur de la divergence mais l’accueillir, l’examiner, l’inclure. En apprendre quelque chose sur soi ; quelque chose sur l’autre. Quelque chose sur l’intra-action à l’intérieur même du système de relations. En apprendre quelque chose sur le fond : suivons-nous le fil d’une pensée réductrice, osons-nous affronter nos points aveugles, examinons-nous le fond du sujet avec un regard multioculaire ?

Ne pas prendre la tangente dans la croyance que diverger entraîne le conflit et que le conflit est dévastateur. Dans de nombreuses situations l’absence de conflit empêche la pensée et la créativité.

Evidemment, il ne s’agit pas de n’importe quel conflit. Il ne s’agit pas d’un conflit destiné à dominer l’autre mais d’un conflit créateur de quelque chose qui n’existait pas encore.

Aller trop vite vers la convergence peut faire perdre beaucoup de temps tout en procurant une sensation de confort, l’illusion d’un accord. Et pourtant l’on piétine, on se fige sans comprendre pourquoi.

Cela semble peu. Cela change tout. Un petit manque de divergence et le dialogue s’affadit ne tenant pas ses promesses d’inédit.

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