NEWS de l'ATELIER DES DIALOGUES
En ce temps de grèves SNCF, le télétravail est une véritable solution. Pour certains, c’est déjà une pratique, pour d’autres c’est un potentiel cauchemar : une perte de qualité relationnelle.
Il y a une vingtaine d’années, alors que skype ni facetime n’étaient d’usage, j’avais tenté une expérience de coaching individuel d’un chef d’entreprise de l’autre côté de la France. Le support vidéo fourni par France Telecom fonctionnait suffisamment mal pour que nous repassions régulièrement au téléphone.
Aujourd’hui, je dialogue couramment avec mes interlocuteurs en France et à l’étranger sur des sujets sensibles et souvent difficiles. Pour avoir des effets constructifs, de déplacements, de confrontations, ces dialogues de coaching ou de préparation de réunion complexe, impliquent d’intégrer des dimensions émotionnelles, de don de rayonnement (nous disons de quelqu’un qu’il est solaire), de l’écoute et des prises de parole ciselées portées par une voix qui atteint l’autre.
Le dialogue est donc une question d’incarnation. Qu’en est-il dans un dialogue à distance ?
Tout d’abord les aspects techniques. Veiller aux points suivants :
Le visage doit être éclairé de manière à voir des contrastes. Donc si le visage est lisse de lumière blanche ou dans la pénombre, demander à la personne de changer sa position ou l’éclairage. Idem pour vous-même. Pourquoi ? Vous ne pourrez pas percevoir les informations si précieuses en matière de communication : le langage corporel.
Il faut voir au moins le haut du corps, les épaules donnent des informations sur le stress de la personne.
Le son : ne pas accepter de son approximatif, des coupures, des échos, des impressions d’être dans un aquarium. Pourquoi ? Cela amoindrit votre présence à l’autre. Cela vous oblige à vous concentrer sur le son, et littéralement vous ne voyez plus votre interlocuteur. De plus vous finissez par deviner ce qui est dit plutôt qu’écouter ce qui est dit. Les risques de contresens augmentent. La mémorisation est limitée.
Cette vérification fait l’objet d’un dialogue dès la prise de contact et parfois en cours de communication quand la connexion se dégrade.
Ensuite les aspects sensibles. La prise de contact est aussi très importante pour se synchroniser, s’inclure dans le cercle de parole d’écran à écran et faire alliance :
Démarrer avec un « social talk » et partager le contexte (d’autant plus important s’il y a un décalage horaire et, plus encore, de saison). Ce n’est pas une perte de temps que de parler de météo, de jour et de nuit, d’ambiance, d’état d’esprit, d’humeur. Toutes ces informations sont plus immédiatement communes si vous vous côtoyez dans un quotidien présentiel. Etre entrainé à ces démarrages de prise de contact en dialogue à distance influence les pratiques « face to face » et permet de lever des ambiguïtés et faux semblants cultivés innocemment dans l’illusion de l’être ensemble de « mais nous travaillons dans le même open space ».
Pendant le dialogue, vous verrez tout de suite (et c’est réciproque) si votre interlocuteur est concentré et avec vous. S’il jette des coups d’œil de côté vers le bas, il y a de grande chance que l’arrivée de messages sur son téléphone le perturbe. Si ses yeux sont attirés par le haut à droite, sans doute les alertes de sa messagerie mail le distraient. La recommandation est de se mettre d’accord sur des règles. Et d’être tolérant. Les urgences existent. Parfois, il vaut mieux les prendre en compte et suspendre un dialogue pour le reprendre ensuite dans des bonnes conditions.
Les émotions, les vibrations se ressentent lors d’un dialogue en « vidéo call ». Les vôtres et les siennes. L’écran ne permet pas de « se planquer ». Intégrer des questions comme : « Qu’est-ce que mon interlocuteur exprime comme émotions ? » fait partie de l’écoute ; fait partie de la qualité de ce qui est produit par le dialogue, produit des effets sur le dénouement, l’engagement, l’implication.
En conclusion : Curieusement, s’entraîner à l’excellence dans un dialogue à distance permet d’améliorer les dialogues présentiels.
Je vous invite à lire : « Dialoguer : de la difficulté d’être deux »