Anti manuel du dialogue 3
Monsieur Duduche est vraiment un grand innovateur en management. Tout le monde l’ADORE. Il ne se lasse pas de raconter à son frère, qui est artisan à son compte, que « Mais si, je t’assure, tu devrais essayer dans ta boîte ». « Tu verras, tu n’entendras plus tes collaborateurs se plaindre de ne pas savoir qui est responsable de quoi, surtout des erreurs » car monsieur Duduche y mettrait sa main au feu, la responsabilité se pense par le chef… « Mes collaborateurs », ne se lasse-t-il pas de déclarer à qui est fasciné par son talent, « Ils ne sont jamais perdus ; à chacun sa tâche. Le contrôle et la coordination, c’est mon affaire ».
Monsieur Duduche se plaît à dire que tout tient à ses attitudes favorisant et contrôlant le bien-être de ses collaborateurs. Il se tient à des règles qu’il partage sans compter :
La responsabilité n’est pas un sujet de dialogue. Pourquoi ? Pour éviter toute confusion pour le collaborateur. La responsabilité est un cadre prédéfini et stable. Le collaborateur n’a plus à se poser de questions. Et ses collègues ne s’en posent pas plus. Chacun chez soi, c’est la garantie de l’efficacité. En plus cela évite les fuites sur des sujets confidentiels. Et c’est bien connu, soit les gens veulent plus de responsabilité, ce qui veut dire en gros qu’ils veulent votre place, soit ils n'en veulent surtout pas plus et comme dit le proverbe : « On ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif ».
La responsabilité n’a rien à voir avec la prise d’initiative Pourquoi ? La responsabilité, on la reçoit du chef . Une fois qu’elle est gravée dans le marbre, il n’y a plus qu’à obéir. Et personne ne sera étonné de lire que dans une situation complexe où il faut être agile, il n’y pas mieux que des repères et que s’y tenir sans discussion.
La responsabilité, quand c’est flou, ce n’est pas mal non plus. Pourquoi ? En tant que chef cela permet de garder le contrôle. Au moindre petit dérapage, hop, prouver que le collaborateur a eu tort et que vraiment il n’est pas à la hauteur. Voilà le genre d’échange qui fait du bien au moral… du chef et évite les déboires d’un collaborateur qui se prêterait à l’espoir d’ambitions qui ne pourraient qu'être déçues.
La prise d’initiative : quand par hasard ça marche, bien se garder de valoriser son collaborateur. Pourquoi ? Il pourrait gagner trop d’assurance et en arriver à prendre des risques inconsidérés qu’on finirait par vous reprocher à vous parce que vous êtes le chef. C’est par bienveillance et protection que vous vous appropriez la réussite de votre collaborateur. Zéro échange à ce sujet. Donner l’exemple par l’action. C’est bien connu, se préoccuper de valoriser ses collaborateurs en public n’apporte rien.
Anti manuel du dialogue 3 : Dialoguer pour donner des espaces de prise de responsabilité et d’initiative est un non-sens pour tout manager qui désire le bien-être et la qualité de vie au travail de ses collaborateurs.